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PARLER D'AMOUR

Par Jonathan Beaulieu Richard – 14 février 2022

Je dédie ce texte à mon filleul Pierre Richard né le 13 février 2022


Parfois le soir quand je couche mon petit dernier, je me surprends à fredonner ce petit air « Mon cher Laurent, c'est à ton tour de te laisser parler d'amour ». Vous devinerez que malgré cet air de fête, ce n'est pas toujours son anniversaire. J’en ai fais une berceuse depuis la naissance de ma fille ainée mais aussi depuis le décès de mon père qui survenait à peu près au même moment. Une période de ma vie remplit de paradoxes.


Voyez-vous, mon père était un homme complexe, certains diraient sévère par moments. Toutefois, la chose qui m'a le plus marqué après son décès était de réaliser que je ne le reverrais plus jamais sortir de la cuisine avec son traditionnel gâteau, qu'il réussissait à merveille, en fredonnant cet air de fête. Cet air, je l'associe au moment où tout semblait s'arrêter. Le moment où, il n'était plus tourmenté par les aléas de la vie, par la violence de notre monde moderne. C'était le moment où il baissait sa garde pour accueillir ces moments de bonheur qu'étaient nos anniversaires.


Lors de son décès, j'étais triste que mes enfants ne puissent vieillir en entendant le son de sa voix sur cette douce mélodie à chacun de leurs anniversaires. J’aurais aimé qu'ils l’emmagasinent dans leur esprit comme moi.

Selon mon hémato-oncologue, chimio ou pas, je serais très chanceux de connaître une autre Saint-Valentin. Dans mes réflexions, alors que je me demandais quel message j'aimerais que mes enfants retiennent de moi, j'ai réalisé que c'est le même que celui que je retiens de mes parents : « Parler d'amour ».


Dans la sombre époque où nous vivons, c'est le message que j'aimerais véhiculer. Traitez moi de fou, d'idéaliste, de rêveur… mais j'ai toujours cru que j'allais pouvoir changer le monde. Pas moi personnellement mais nous, le Québec. Comme individu, je n'allais que mettre le feu aux poudres et LE moment est maintenant venu.

Comme Bob le disait si bien : « C'est quoi notre force nous autres? Le mental, la dureté du mental ». Je pense que notre vraie force au Québec, au-delà du mental, c'est l'amour. Et je pense que ce n'est pas étranger à l'émancipation de la femme et la place que nous lui avons offert.


La critique que j'aimerais formuler à l'endroit de nos gouvernements est la suivante : Pourquoi nous sommes-nous confortés dans le fait de copier ce qui se faisait ailleurs? Au Québec, nous ne sommes pas les autres. On est différent et il est temps qu'on se donne les moyens d'exprimer notre différence. Pour que l'amour triomphe.


Fût une époque où je croyais que je serais celui qui, une fois pour toute, détruirait notre système de santé, ou comme j’aime bien l’appeler, notre système de maladies. Toutefois, la vie nous réserve bien des surprises. Alors que ma vie ne tenait qu’à un fil, c’est celui-là même qui, comme un cavalier blanc, est venu me sauver in extremis. Maintenant, je peux donc en parler avec amour.


Fût une époque où je critiquais sévèrement les assureurs privés, mais maintenant qu'ils assurent le futur de ma famille, je peux en parler avec amour.


Fût une époque où je croyais que j'allais être celui qui menacerait les médias traditionnels et les politiciens, mais maintenant qu'ils m'assistent dans une lutte à l'injustice, je peux en parler avec amour.


Fût une époque où je croyais que j'allais être celui qui réformerait la dureté du monde sportif, mais maintenant que je comprends qu’il m'a simplement préparé à la vie, je peux en parler avec amour.


Fût une époque où je croyais que l'éducation des baby-boomers avait fait de nous des enfants brisés, mais maintenant que je comprends d'où ils sont partis, je peux en parler avec amour.

Fût une époque où je croyais que notre système de santé allait détruire la vie de ceux qui y travaillent si on n’y applique pas des changements majeurs, mais... Il y a pas de mais, ça je le crois encore. Et comme dirait mon oncologue, ça prend un heureux mélange d'optimisme et de réalisme.


Peut-être croyez-vous qu’avec toutes les catastrophes qui nous menacent actuellement, que nous sommes perdus. Je peux vous dire que peu importe ce que vous croyez, vous pourriez être surpris.

L'amour existe encore.

Dans mon cas, comme dirait un poète connu, «je rêvais d'arrêter de me taire, je rêvais d'autres choses» … Et ce n'est qu'un premier pas dans cette direction.

Il y a quelque chose qui nous a cruellement manqué au cours de ces dernières années et c'est la discussion.


Discussion à laquelle j'aimerais humblement prendre part.


Jonathan Beaulieu Richard

Papa, Pharmacien, Politicien indépendant, Joueur de football retraité




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